Asa Winstanley
L'implication d'Israël dans la chute d'Assad ne fait pas l'ombre d'un doute. Echanges de bons procédés entre les rebelles syriens et Tel-Aviv ? Les nouvelles autorités à Damas semblent vouloir la paix avec l'Etat colonial. Ce dernier a déjà profité des événements pour mener une campagne de bombardements sur le territoire syrien et en a annexé une partie. Décryptage. (I'A)
On rapporte la présence, mardi matin, très tôt, de chars israéliens à la périphérie de Damas, au moment où Israël lançait sur le pays des frappes aériennes prétendument « les plus lourdes de l'histoire de la Syrie ».
L'intensification de l'agression israélienne contre le pays s'est produite lorsque des insurgés soutenus par les EU et la Turquie se sont emparés de la capitale aux toutes premières heures de dimanche, après le départ du président Bashar al-Assad pour la Russie.
Benjamin Netanyahou s'est aussitôt attribué le mérite de la chute d'Assad, dont la famille dirigeait la Syrie depuis cinq décennies.
Le Premier ministre israélien a exprimé ces commentaires dimanche matin, au moment où il visitait le secteur des hauteurs syriennes du Golan occupé par Israël. « C'est un jour historique », a dit Netanyahou, « une conséquence directe des coups que nous avons infligés à l'Iran et au Hezbollah, les principaux appuis du régime d'Assad. »
Les forces d'occupation israéliennes ont exploité la chute du gouvernement en bombardant la Syrie, en occupant de nouveaux territoires syriens et en détruisant des infrastructures publiques vitales, des équipements de défense et des bases aériennes.
De nouvelles frappes de l'aviation israélienne ont touché Damas et le sud de la Syrie, détruisant « des systèmes d'armement avancés et des sites de production d'armes » et laissant la Syrie plus vulnérable que jamais auparavant.
Les frappes aériennes contre la capitale ont ciblé les bureaux de l'immigration et des passeports. Un violent incendie, paraît-il, a ravagé le bâtiment.
Lundi, Reuters, citant les fonctionnaires de la sécurité syrienne, a rapporté que les 𝕏 raids aériens massifs d'Israël « ont bombardé au moins trois importantes bases aériennes de l'armée syrienne qui abritaient des dizaines d'hélicoptères et d'avions ».
Les territoires syriens nouvellement occupés par Israël comprennent Jabal ash-Shaykh, appelé également Mont Hermon, qui se situe à la frontière syrienne avec le Liban. Le bureau de presse du gouvernement israélien a insisté pour dire que c'était « la première fois depuis 1973 » qu'Israël occupait la région.
Le Premier ministre israélien a également annoncé qu'il mettait unilatéralement un terme à l'accord de désengagement de 1974 entre la Syrie et Israël, prétendant que l'accord approuvé par l'ONU avait « échoué ».
Une guerre éclair des rebelles
La chute du gouvernement syrien vient après une guerre éclair de 11 jours, lancée à partir de l'enclave d'Idlib, au nord, où les rebelles armés avaient conservé un bastion à la frontière turque depuis une trêve négociée en 2016 par la Russie et la Turquie.
Fin novembre, les rebelles partaient d'Idlib pour envahir le sud via plusieurs villes syriennes successives - Alep, Hama, Homs et, finalement, Damas.
Bien que soutenue par des alliés régionaux et internationaux, l'armée syrienne a abandonné la plupart de ses positions sans combattre, ce qui indique qu'il y aurait eu un arrangement garantissant le départ d'Assad.
Le président américain sortant Joe Biden 𝕏 a affirmé dimanche que l'incapacité de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah à défendre le gouvernement syrien était « la conséquence directe des coups que l'Ukraine et Israël ont portés » avec le « soutien indéfectible des États-Unis ».
Certaines analyses suggèrent que l'Iran et la Russie, les principaux soutiens du gouvernement syrien, ont conclu que le gouvernement dirigé par Assad avait été trop érodé et qu'il ne pouvait être sauvé.
Après des années d'une guerre qui a causé d'horribles morts, déplacements et destructions, le départ d'Assad sans combattre a évité un bain de sang supplémentaire à l'échelle massive - du moins pour l'instant.
Son départ a été suivi de scènes de liesse quand les Syriens ont retrouvé des êtres chers originaires de régions précédemment isolées du pays ou récemment libérés de prison.
Mais, dans une société profondément divisée, nombreux sont ceux qui continueront de craindre ce que pourraient apporter les nouveaux dirigeants, avec leur tristement célèbre palmarès d'atrocités.
Au cours d'épisodes rappelant l'invasion de l'Irak en 2003 par les EU, il y a eu des𝕏 pillages et des 𝕏 meurtres de représailles commis sur des soldats syriens en fuite.
L'histoire de la Libye, dont le dirigeant a été renversé et assassiné lors de l'insurrection de 2011 soutenue par les EU, est des plus édifiantes : L'espoir initial et la liesse ont été rapidement anéantis. Treize ans plus tard, le pays est toujours dans une situation particulièrement difficile et bien des gens craignent une guerre civile.
Les EU préféreraient de loin une Syrie chaotique largement sous leur contrôle à un pays unifié qui s'oppose à Israël.
Maintenir une Syrie en ruine
Depuis 2014, les EU ont maintenu une occupation militaire directe de vastes parties de la Syrie, surtout dans la région du nord-est, riche en pétrole, où ils sont aidés par des milices locales alliées.
Quand Donald Trump a assumé la présidence pour la première fois, il a retiré certaines des troupes américaines, mais on dit qu'environ 900 hommes sont restés sur place.
Dana Stroul, à l' époque collaboratrice de l'Institut de Washington pour une politique du Moyen-Orient, affilié à l'AIPAC, était la coprésidente du « Groupe d'étude sur le Syrie », commun aux deux partis, et qui définissait des objectifs pour la politique américaine. Elle avait expliqué ses recommandations en 2019 ainsi que la façon dont les EU pourraient chercher à affaiblir l'État syrien et à paupériser sa population.
Le premier but, disait Stroul, était de 𝕏 maintenir l'occupation militaire américaine du tiers le plus « riche en ressources » du territoire syrien, qui comprenait ses gisements pétroliers et sa « puissance agricole ».
Outre « l'isolement diplomatique et politique du régime Assad », Stroul insistait sur l'importance des sanctions économiques américaines et sur celle d'empêcher la reconstruction du pays déchiré par la guerre.
La majeure partie de la Syrie, 𝕏 disait Stroul, « est en ruine ». La commission qu'elle coprésidait recommandait, selon ses propres termes, que les États-Unis se servent de leur énorme levier international pour « maintenir le cap sur l'empêchement de l'aide à la reconstruction et du retour en Syrie de la moindre expertise technique ».
De 2021 à 2023, elle a pu intervenir directement dans l'application de ces mesures en sa qualité d'adjointe au secrétaire assistant à la Défense pour le Moyen-Orient - le principal haut fonctionnaire civil du Pentagone pour la région.
Aujourd'hui, Stroul est de retour à l'Institut de Washington, le comité d'experts le plus influent du lobby pro-israélien, en tant que directrice de la recherche.
Depuis des années, le EU travaillent d'arrache-pied à dominer la richesse matérielle de la Syrie.
Un nouveau nom pour al-Qaïda
L'offensive éclair partie d'Idlib était dirigée par Hayat Tahrir al-Sham, qui est issu d'al-Qaïda.
Le chef de l'organisation est Abu Muhammad al-Julani - anciennement le chef de Jabhat al-Nusra, la filiale d'al-Qaïda en Syrie, et qui fut par le passé l'émissaire de l'État islamique de l'Irak (qui, plus tard, allait devenir l'ISIS, ou l'EI, en français).
Sous le commandement d'al-Julani, Jabhat al-Nusra a commis de nombreuses atrocités à l'encontre de civils syriens, selon des organisations des droits humains.
Human Rights Watch a enquêté sur les atrocités des rebelles dans la région côtière autour de la ville de Lattaquié et un rapport de 2013 déclarait qu'al-Nusra et ses groupes alliés avaient commis des crimes de guerre « prémédités et organisés », y compris le massacre systématique de familles entières ».
Ces abus n'ont en aucun cas cessé sous le nouveau nom de Hayat Tahrir al-Sham.
Human Rights Watch dit qu'il a répertorié de graves abus commis par Hayat Tahrir al-Sham dans l'enclave d'Idlib qu'il contrôle depuis quelques années.
« La répression exercée par Hayat Tahrir al-Sham contre toute opposition perçue à son pouvoir reflète les mêmes tactiques oppressives qu'utilisait le gouvernement syrien », déclarait en 2019 Lama Fakih, la directrice adjointe pour le Moyen-Orient de l'organisation des droits humains. « Il n'y a pas d'excuse légitime pour avoir rassemblé des opposants et les avoir arbitrairement détenus et torturés ».
En mars, Voice of America (VOA) avait rapporté que des protestations s'était fait entendre pendant plusieurs jours dans une vingtaine d'endroits de l'enclave d'Idlib.
« Les manifestants scandent des slogans contre le chef de HTS, Abu Muhammad al-Julani, en réclamant la libération des prisonniers détenus par l'organisation extrémiste et la fin de son emprise sécuritaire sur l'enclave », a déclaré le réseau de médias financé par le gouvernement américain.
Un autre soulèvement a éclaté en mai contre le pouvoir « de plus en plus dictatorial » de HTS, dénonçant entre autres le fait supposé que des prisonniers avaient été torturés à mort.
Dimanche, dans une déclaration qui a suivi la chute du gouvernement de Damas, Human Rights Watch a accusé Assad d'« innombrables atrocités, crimes contre l'humanité et autres abus durant les 24 années de sa présidence ». L'organisation a également déclaré que HTS et d'autres « organisations armées non étatiques qui avaient lancé l'offensive » à partir d'Idlib le 27 novembre, sont responsables « de violations des droits humains et de crimes de guerre ».
Al-Julani n'a jamais été forcé de rendre des comptes. Au contraire, les milieux officiels américains et britanniques auraient discuté de la possibilité de les retirer, lui et son organisation, de leurs𝕏 listes de terroristes désignés.
Il semble même probable qu'al-Julani ait été préparé pour diriger la Syrie, puisque les médias occidentaux s'emploient énergiquement à blanchir son image de marque via des interviews et toute une couverture empreintes de sympathie.
Ces efforts de relookage s'appuient sur des affirmations selon lesquelles al-Julani et HTS ont abandonné leur passé.
Mais ce n'a pas toujours été l'avis de tout le monde. Le gouvernement américain lui-même a affirmé en 2017 que « HTS est une fusion et que toute organisation qui fusionne avec lui fait désormais partie du réseau syrien d'al-Qaïda ».
C'est 𝕏 sur cette base que les États-Unis ont placé une récompense de 10 millions de USD sur la tête d'al-Julani - dont le véritable nom est Ahmad al-Shara - une récompense qui reste officiellement disponible pour toute personne susceptible d'aider le FBI à le localiser.
Biden admet le financement d'organisations liées à al-Qaïda
Ces 13 dernières années, les diverses organisations armées qui ont œuvré ensemble pour renverser le gouvernement syrien ont été soutenues par les EU, les États du Golfe, la Turquie et Israël même.
Dans 𝕏 un rare moment d'honnêteté - pour lequel il a dû par la suite présenter ses excuses - Joe Biden, à l'époque vice-président des EU, a admis en 2014 que l'augmentation du financement avait aidé des organisations que les EU considèrent comme extrémistes.
𝕏 Biden a déclaré que la Turquie, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar et autres « étaient si déterminés à faire tomber Assad et à avoir essentiellement une guerre par procuration entre sunnites et chiites (...) qu'ils versaient des centaines de millions de dollars et donnaient des dizaines, des milliers de tonnes d'armes à tous ceux qui étaient disposés à combattre Assad. » « Sauf que les gens que l'on approvisionnait appartenaient à al-Nusra et à al-Qaïda ainsi qu'à des éléments extrémistes d'organisations djihadistes venues d'autres parties du monde »,avait ajouté Biden.
Ce que Biden s'est abstenu de mentionner, c'est l'opération Timber Sycamore (bois d'érable sycomore), le montant faramineux des sommes et des formations américaines que la CIA, sous la présidence de Barack Obama, versa également dans la guerre par procuration en Syrie, qui allait coûter un beau paquet de milliards de dollars.
En 2017, The New York Times disait de cette opération que c'était « l'un des programmes d'action secrète les plus coûteux de l'histoire de la CIA ».
La logique fut bien résumée par Jake Sullivan, actuellement conseiller de Biden pour la sécurité nationale, dans un courriel de 2012 adressé à la secrétaire d'État de l'époque, Hillary Clinton. « AQ [al-Qaïda] est dans notre camp, en Syrie », avait écrit Sullivan.
Recul de l'Axe de la résistance
La dernière fois qu'al-Qaïda et d'autres organisations rebelles ont été présents dans les hauteurs du Golan, Israël avait établi des relations cordiales avec eux, traitant leurs combattants dans un hôpital de campagne spécialement aménagé pour eux et allant même jusqu'à les armer.
Dimanche, Netanyahou a signalé la relance de cette politique. Il a déclaré qu'Israël allait poursuivre « la même approche que nous avons conservée quand nous avons installé ici un hôpital de campagne qui a soigné des milliers de Syriens blessés au cours de la guerre civile. Des centaines d'enfants syriens sont nés ici en Israël ».
Du fait que, depuis des décennies, la Syrie était l'épine dorsale de l'Axe de la résistance contre l'hégémonie américaine et le colonialisme de peuplement israélien, bien des gens de la région perçoivent la chute d'Assad comme un gain stratégique majeur pour Israël et les EU.
La Syrie était un maillon vital de la chaîne de fournitures militaires - un pont terrestre entre l'Iran et son allié régional le Hezbollah. Cette faction de la résistance libanaise avait chassé les forces d'occupation israéliennes du Sud-Liban en 2000 et avait repoussé la tentative israélienne d'invasion terrestre qui avait commencé au début octobre cette année.
L'offensive terrestre israélienne s'est terminée fin novembre par une trêve inégale qu'Israël a déjà violée plus d'une centaine de fois, selon les Nations unies.
Israël, dit-on, désespérait d'obtenir un cessez-le-feu avec le Hezbollah, puisque son invasion était incapable de progresser de plus de quelques kilomètres à partir de la frontière et que son armée était incapable de garder la moindre portion de territoire.
Ses soldats étaient tout simplement battus par des combattants libanais qui leur étaient supérieurs.
Quelques heures à peine après la chute de Damas aux mains des rebelles, Israël a lancé une nouvelle incursion en Syrie, ont rapporté dimanche les médias israéliens.
Des chars et des soldats israéliens ont occupé de nouvelles terres syriennes dans les hauteurs du Golan, en les désignant comme « zone tampon ». Israël occupe la majeure partie de la région du Golan, au sud-ouest de la Syrie, depuis son invasion en 1967 - et a chassé la quasi-totalité de la population syrienne qui y vivait.
Israël a annexé unilatéralement le territoire syrien occupé en 1981 et a colonisé la terre en y installant quelque 20 000 colons.
Des rebelles pro-israéliens ?
Les opposants d'Assad célèbrent ce qui, espèrent-ils, constituera une nouvelle aube pour la Syrie. Mais bien des gens dans la région perçoivent l'offensive des rebelles comme délibérément orchestrée en vue d'aider Israël.
La revendication de responsabilité de Netanyahou pour la chute de Damas aux mains des rebelles dimanche matin ne fera que renforcer cette opinion.
De son côté, l'ancien dirigeant d'al-Qaïda, al-Julani, a presque l'air d'un lobbyiste pro-israélien.𝕏 Dans une vidéo récente, il faisait référence à ce qu'il appelait « les guerres de l'Iran contre la région » - répétant ainsi un langage fréquemment utilisé par Netanyahou depuis octobre 2023.
Al-Qaida et d'autres organisations similaires tendent à voir la région via la lentille sectaire des musulmans sunnites extrémistes, considérant l'Iran à majorité musulmane chiite et l'organisation du Hezbollah, elle aussi musulmane chiite, comme des ennemis mortels. Que ce soit tacitement ou ouvertement, cela permet à de telles organisations de faire cause commune avec Israël et les États-Unis - comme le reconnaissait le haut fonctionnaire américain Jake Sullivan dans son fameux courriel de 2012.
« Nous étions très heureux quand vous avez attaqué le Hezbollah », avait dit récemment un « activiste de l'opposition » 𝕏 à un journaliste israélien qui diffusait ses commentaires à la TV. « Nous sommes heureux de vous aider », avait ajouté l'activiste. « Nous aimons l'État d'Israël et nous n'avons jamais été son ennemi, parce qu'il ne fait de tort à personne si personne ne lui fait du tort. »
Dans une autre interview pour The Times of Israel, un « commandant rebelle » disait au site d'information que son Armée syrienne libre soutenue par les EU était prête à normaliser ses relations avec Israël - malgré le génocide israélien en cours contre les Palestiniens et l'occupation israélienne illégale du territoire syrien depuis plusieurs décennies.
« Nous irons vers la paix totale avec Israël », disait le commandant. « Depuis le début de la guerre civile en Syrie, nous n'avons jamais émis le moindre commentaire critique à l'encontre d'Israël, au contraire du Hezbollah, qui a déclaré que son but était de libérer Jérusalem et les hauteurs du Golan. »
En s'adressant au site d'information israélien, le commandant rebelle a également suggéré qu'il aurait déjà pu avoir des contacts avec de hauts responsables israéliens.
Même si ces personnages non identifiés ne s'expriment pas officiellement, un tel blanchiment du régime génocidaire israélien ne remplira pas les Palestiniens d'espoir, surtout pas ceux de Gaza.
S'adressant à une chaîne de TV israélienne, un officier des renseignements militaires israéliens, Mordechai Kedar, a expliqué qu'il était « en contact constant avec les dirigeants des factions de l'opposition syrienne (...) Ils sont prêts à un accord de paix avec Israël, mais uniquement s'ils peuvent obtenir le contrôle de la Syrie et du Liban. »
De telles déclarations alarmeront les gens au Liban, puisqu'elles constituent un avertissement leur disant que leur pays pourrait être la prochaine cible, dans le cadre d'un effort en vue d'attirer le Hezbollah dans une guerre civile.
« Les dirigeants des factions de l'opposition syrienne ont transmis à Tel-Aviv qu'ils prévoyaient d'ouvrir une ambassade d'Israël à Damas et Beyrouth », a prétendu Kedar.
Faisant état des commentaires d'un autre « commandant rebelle » à l'adresse du diffuseur gouvernemental israélien Channel 12, The Times of Israel faisait remarquer la semaine dernière que « l'offensive avait été lancée juste au moment où un cessez-le-feu entrait en vigueur » entre Israël et le Hezbollah.
Selon ce commandant, le timing n'avait rien d'une coïncidence. « Nous avons regardé l'accord [de cessez-le-feu] avec le Hezbollah et nous avons compris que c'était le moment (...) Nous ne permettrons pas au Hezbollah de combattre dans nos régions et nous ne permettrons pas aux Iraniens de s'enraciner ici », a-t-il dit.
Le commandant a expliqué que son but était de remplacer le gouvernement syrien par un gouvernement qui entretiendrait de bonnes relations avec Israël, a rapporté le site d'information.
Une bonne part de ce qui précède peut être de la propagande, l'expression d'un vœu ou de la pure invention. Mais, étant donné que les EU soutiennent ces organisations depuis plus d'une décennie, leurs sponsors considèrent manifestement qu'elles sont de loin préférables aux organisations dont le but avoué est la résistance à Israël.
Des intrigues sectaires
Les rebelles nouvellement dominants nourrissent des rancunes de longue date à l'égard de la résistance.
Le Hezbollah est intervenu en Syrie en 2013, après que la guerre américaine par procuration contre le pays, qui avait débuté deux ans plus tôt, avait été très près de renverser le gouvernement de Damas.
L'organisation et son allié de l'Axe de la résistance, l'Iran - en compagnie de la Russie, qui a des bases militaires dans le pays - a empêché le renversement du gouvernement.
Avec les milices qui ont repris la Syrie, désormais, et sont en position de dominer le pays, l'avenir de l'axe de la résistance est incertain.
Ces planificateurs israéliens complotent pour diviser la Syrie en cantons ethniques et sectaires en guerre - une stratégie coloniale classique consistant à diviser pour régner.
Dans une interview publiée par The Times of Israel lundi, le colonel Wahabi Anan Wahabi des renseignements militaires israéliens a expliqué son plan en vue de ce que le site d'information a décrit comme « une confédération souple de quatre sous-États ethniques ».
Wahabi a expliqué que « le pays est déjà divisé en quatre cantons. La prochaine étape consistera à rendre cette division officielle. » « L'État-nation moderne à échoué, au Moyen-Orient », a-t-il affirmé.
« Le plan d'urgence américano-israélien »
Les EU ont étroitement coordonné l'offensive venue d'Idlib avec Israël.
Une source bien informée a déclaré à Saïd Arikat, le correspondant respecté à Washington du journal palestinien Al-Quds, que l'offensive de HTS avait été préparée en coordination avec les EU, Israël et la Turquie. Elle « a eu lieu comme une résultante d'un 'plan d'urgence' américano-israélien coordonné par l'administration du président Joe Biden avec la Turquie » et elle « a été appliquée selon une vision américaine du 'jour d'après' l'accord de cessez-le-feu entre le Liban et Israël ».
Arikat a écrit que sa source avait précédemment formé des rebelles, dont l'organisation membre d'al-Qaïda Jabhat al-Nusra et celle qui lui avait succédé, Hayat Tahrir al-Sham, dans des bases situées en Jordanie et en Turquie, et ce, jusqu'en 2021.
L'invasion israélienne de dimanche semble avoir été en préparation depuis quelque temps.
Une semaine à peine après le lancement de l'offensive de HTS, les médias israéliens ont rapporté que le chef du Shin Bet, la police secrète d'Israël, était allé en Turquie pour une réunion avec le chef d'une agence de renseignement turque.
De même, une semaine avant l'offensive, Israël a entamé une nouvelle construction illégale dans la zone démilitarisée entre le secteur contrôlé par la Syrie et celui occupé par Israël, tous deux dans les hauteurs du Golan, et ce, en violation de l'accord de désengagement de 1974.
Selon l'UNDOF, la force de maintien de la paix de l'ONU qui contrôle le cessez-le-feu, il s'agissait de « violations sévères ».
Les Syriens, quel que soit leur profil politique, voudront voir leur pays se remettre sur ses pieds, uni et indépendant, dès que possible. Aucun partisan de la libération palestinienne n'a quoi que ce soit à craindre d'une Syrie véritablement souveraine.
C'est précisément pourquoi il y a tellement de forces extérieures puissantes, principalement Israël et les États-Unis, qui veulent que la Syrie reste faible et soit soumise à leur agenda. Si la division, la dépendance et le chaos sont les seules façons d'y arriver, dans ce cas, ce sont celles qu'ils encourageront et fomenteront.
De son côté, Israël ne perd pas de temps à capitaliser sur les événements tumultueux et historiques pour s'emparer de plus de terre encore et consolider son emprise génocidaire sur la région.
Source originale: Electronic Intifada
Traduit de l'anglais par Jean-Marie Flémal pour Charleroi pour la Palestine